L’histoire du zen

De l’Inde, à la Chine, au Japon, à l’Europe : une brève histoire du zen

La posture de zazen nous a été transmise par Siddharta Gautama (-563 ; -483), dit le « bouddha historique » (même si l’on est en droit de penser qu’elle existait bien avant lui). Après avoir connu l’éveil en pratiquant zazen sous l’arbre de la bodhi , il enseigna à des milliers de disciples ce qu’il avait compris lors de cette expérience, et transmit l’essence de son enseignement à son disciple Mahakashyapa, lors d’une réunion sur le pic du vautour : le bouddha tourna une fleur entre ses doigts et Mahakasyapa sourit. C’est la première transmission du zen, « i shin den shin », « de mon âme à ton âme. »

Le zen arriva en Chine avec Bodhidharma (470-543), fils d’un roi brahmane du sud de l’Inde. A soixante et un ans, après avoir reçu la transmission, il partit pour la Chine. Il y rencontra l’empereur, puis passa neuf ans dans une grotte assis face au mur. Il est le premier patriarche de la lignée du Chan (« zen » en chinois), qui fleurit pendant de nombreuses années en terre chinoise.

Ce fut Dogen (1200-1253), moine japonais formé dans le bouddhisme tendai qui, à la suite d’un voyage en Chine et sa rencontre avec maître Nyojo, introduisit le zen au Japon.

Qu’avez-vous rapporté de votre voyage ? lui fut-il demandé. ( Allusion aux sutras et enseignements secrets que les moines rapportaient pour étudier dans leur monastère).

Nez vertical, yeux horizontaux, répondit Dogen, mettant par là l’accent sur la primauté de la pratique et de l’expérience vécue sur toute autre forme d’enseignement.

Le bouddhisme zen connut un grand développement au Japon.

Maître Deshimaru et l’Europe

Fils d’un homme d’affaire et d’une mère très pieuse, le jeune Deshimaru s’intéresse à la philosophie, à la littérature et aux beaux-arts. Il fait des études d’économie et de bouddhisme avant de rencontrer le maître zen Kodo Sawaki et de pratiquer zazen à ses côtés. Celui-ci lui refuse l’ordination de moine, lui conseillant plutôt de s’aguerrir dans les difficultés de la vie quotidienne.

Menant une vie riche et mouvementée (il échappa de peu à la mort pendant la guerre, fonda une famille, exerça toutes sortes de métiers), Deshimaru ne cessa cependant de pratiquer zazen et de fréquenter son maître. Peu avant sa mort, Kodo Sawaki lui donna l’ordination de moine et lui demanda de « répandre l’enseignement de Bodhidharma en occident. »

Invité par un groupe macrobiotique en 1967, sans connaître un mot de français, Deshimaru arrive en France. Pour survivre, il donne des massages dans une arrière-boutique. Son enseignement de la pratique de zazen, qui met l’accent sur la posture et l’expérience intime, loin des connaissances livresques ou du formalisme religieux, touche toute une génération en quête de vérité et d’absolu.

Il fonde des centaines de dojos en France et dans toute l’Europe ainsi que le temple de la Gendronnière dans le Loiret.

Il meurt d’un cancer en 1982 après avoir formé de nombreux disciples qui perpétuent son enseignement jusqu’à aujourd’hui.